Le 22 janvier 2013, il aurait fêté son centième anniversaire. Et jusqu’au bout, il aura écrit puisque son dernier ouvrage doit paraître, le 3 octobre 2012, chez Actes Sud. C’est d’ailleurs l’éditeur arlésien qui a annoncé, hier, qu’Henry Bauchau s’était éteint dans sa maison proche de Paris et dans son sommeil durant la nuit.

Une mort paisible pour un écrivain, poète et auteur dramatique venu tard à l’écriture et après une analyse qui marquera profondément sa pensée. Il mènera d’ailleurs de front une carrière de psychanalyste et son travail d’écrivain.

Depuis 1946, Henry Bauchau a principalement vécu à Paris et en Suisse mais c’est à Malines qu’il était né, le 22 janvier 2013. Voici quelques mois, il avait dans un récit autobiographique, L’enfant rieur, évoqué son enfance et sa jeunesse belges. Marqué par le premier conflit mondial et une séparation de quelques mois avec sa mère, sa «déchirure originaire», il connaît une jeunesse catholique marquée par la montée du nazisme en Allemagne. Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain il s’inscrit au barreau de Bruxelles peu avant la guerre.

Pendant le conflit mondial, il est responsable du Service des volontaires du travail pour la Wallonie (SVTW) avant de rejoindre le maquis ardennais en 43. Blessé, il est évacué vers Londres. Inquiété à la fin de la guerre pour son action au sein du SVTW, il est acquitté par le tribunal militaire. Profondément blessé par cet épisode, il quitte la Belgique pour s’installer à Paris, en 1946.

L’analyse le conduit à l’écriture

Il travaille d’abord dans le domaine de l’édition où il fréquente des écrivains célèbres dont Camus. Il entreprend surtout une psychanalyse avec Blanche Reverchon, l’épouse du poète Pierre Jean Jouve. Une analyse qui va totalement changer sa vie et l’amener à l’écriture. Son dernier ouvrage Pierre et Blanche (en octobre chez Actes Sud) est d’ailleurs consacré au couple.

En 1950, il achève ses premiers poèmes qui seront publiés, en 1958, sous le titre de Géologie. Sa première pièce de théâtre, Gengis Khan sera mise en scène par Ariane Mnouchkine en 1961.

S’intéressant sans cesse aux rapports qui existent entre art et psychanalyse, il poursuit une œuvre poétique qui reste peu connue jusqu’à la sortie du premier roman de son cycle mythologique Œdipe sur la route en 1990 complété en 1991 de Diotime et les lions et surtout, en 1997, du superbe Antigone. En 2008 vient la véritable consécration populaire avec Le boulevard périphérique qui obtiendra le Prix du Livre Inter.

Jusqu’au bout, Henry Bauchau aura cherché à comprendre les contradictions de l’être humain en étant à l’écoute d’abord de son chemin intérieur. Il laisse une œuvre riche et saluée dans le monde entier. La Belgique, elle, perd un tout grand écrivain.

Source: lavenir.net